Claude MANGEMATIN est le fils de Jean MANGEMATIN et de Claudine Clarisse VILLETTE, journaliers, mariés le 7 juin 1813 à Saint-Didier-sur-Arroux en Saône-et-Loire. Claude est le dernier d’une fratrie de 4 garçons nés à Thil-sur-Arroux :
– Jean Lazare né le 31 juillet 1814
– François Marie né le 23 juin 1817
– Henri (orthographié Henry dans les actes de naissance de ses enfants) né le 19 janvier 1820
– Claude né le 22 novembre 1822
Le 15 février 1848, Claude épouse Eléonore CONTASSOT (parfois orthographié Léonor ou Léonore), de huit ans sa cadette, née le 4 janvier 1831 à La Tagnière.
Je répertorie 10 enfants, cependant certains documents indiquent 9 enfants :
– Jeanne 22.10.1852 La Tagnière – 5.12.1855 La Tagnière
– Léon 1853 –
– Pierre 19.11.1855 La Tagnière – 20.12.1871 Le Creusot, exerçait le métier d’ajusteur
– Jean 31.12.1858 La Tagnière –
– François 13.5.1861 La Tagnière – 27.12.1861 La Tagnière
– Antoine 27.7.1863 La Tagnière –
– Pierre 26.10.1866 Le Creusot (il est indiqué sur l’acte de naissance qu’il s’agit d’un enfant de sexe féminin
– Jean Marie 29.4.1869 Le Creusot marié à Marie Joséphine BACH le 15.6.1901 Le Creusot
– Jean 26.3.1872 Le Creusot 22.6.1875 Le Creusot
– Antoinette 11.5.1875 Le Creusot (mon ancêtre) mariée Emile François CAILLET 11.12.1894 Le Creusot
Léon apparaît dans le recensement de la Tagnière en 1861 comme étant âgé de 8 ans et désigné comme le fils de la famille. Or, je ne le trouve pas dans les registres, ni dans les tables décennales. Cela m’étonnerait que la famille ait bougé entre 1852 et 1855. Donc peut-être que ce n’était pas leur fils, mais leur neveu par exemple, qui pourrait être né dans une autre commune. C’est la piste que je privilégie, j’expliquerai pourquoi plus en détail après.
J’ai répertorié les lieux de vie de la famille selon les actes de naissance et le recensement :
– 1852 : La Barrière, hameau de La Tagnière
– 1859 : Montfreson, hameau de La Tagnière
– 1866 : Le Creusot, route de Marmagne, Maison Lamelaise
– 1869 : Le Creusot, route de Marmagne, Maison Lamelaise
– 1872 : La Combe-Denis, hameau du Creusot, maison Pelletier
– 1875 : Le Creusot, Route de Marmagne, Maison Brugneau
En 1881, la vie de Claude prit une tournure dramatique. Deux évènements auraient déclenché chez lui de graves troubles psychiatriques : un violent chagrin de famille, dont on ne connait pas l’origine et un coup sur la tempe droite.
Un premier rapport médical datant du 19 novembre 1881 donne le diagnostic suivant :
« Nous soussigné docteur en médecine de la faculté de Paris, certifions avoir visité hier aux Riaux le nommé Mangematin Claude âgé de 60 ans, balayeur à l’usine, à l’effet de constater l’état de ses facultés mentales.
Le nommé Mangematin est petit, d’un tempérament nerveux, il n’a pas eu d’autre maladie grave que des pneumonies. Il n’y a chez les ascendants aucune trace de maladie mentale ni nerveuse. Il a eu 9 enfants dont 5 vivants.
Il n’y a que 3 semaines que ses voisins et ses amis ont remarqué quelque dérangement dans ses facultés, à la suite d’un violent chagrin de famille, et aussi d’un coup qu’il aurait reçu à la tempe droite.
Nous trouvons le nommé Mangematin levé, causant continuellement ou plutôt émettant des sons inarticulés – il y a un embarras des mouvements de la langue très manifeste – il a des hallucinations de la vue et de l’ouïe – il chante, il rit – de temps à autre, il prend une attitude menaçante et frappe els personnes qui l’entourent.
Aujourd’hui, ses courts accès de furie se sont renouvelés et sont presque continuels et on a dû lui mettre la camisole de force pour protéger les personnes qui le servent.
D’où nous concluons :
1 – que le nommé Mangematin est atteint de folie généralisée
2 – que ses accès de fureur le rendent dangereux pour ses parents et ses voisins et qu’il est urgent qu’il soit séquestré immédiatement dans un asile pour y recevoir les soins que nécessite son état.
En foi de quoi nous avons délivré ce certificat.
Le Creusot, le 19 novembre 1881 »
Claude est donc envoyé à l’hôpital d’Autun, à la suite de quoi est dressé un arrêté de placement du Préfet de Saône-et-Loire en date du 29 novembre 1881, ainsi qu’un certificat de médecin daté du 27 novembre 1881 qui est joint à l’arrêté.
Certificat médical joint à l’arrêté :
« Nous soussigné, chirurgien et médecin de l’hôpital d’Autun, Saône et Loire, certifions que le nommé Mangematin Claude, né à Thil-sur-Arroux, département de Saône et Loire, demeurant au Creusot, présentement au dépôt dans un cabanon du dit hôpital d’Autun, est atteint d’aliénation mentale. Caractérisée par l’absence de tout raisonnement, d’incohérence complète, de toute idée de toute parole ; par un refus de nourriture que rien n’a pu vaincre depuis le lendemain de son entrée au dit hôpital ;
Pensons en conséquence que le transfert de cet aliéné à la maison de santé de Bourg doit avoir lieu d’urgence.
Autun, le 27 novembre 1881 »
Claude est alors interné à l’asile Saint-Georges de Bourg-en-Bresse le 2 décembre 1881, à la suite de quoi d’autres certificats médicaux sont dressés :
Premier certificat du médecin de l’établissement :
« Je soussigné, ?, certifie que le nommé Mangematin Claude, du Creusot, Saône-et-Loire, entré le 2 décembre 1881, présente l’état suivant : malade agité, incohérent dans ses pensées et ses paroles, inconscient dans ses actes et se livrant aux mouvements les plus désordonnés, il ne peut répondre à aucune question et refuse assez obstinément la nourriture, son état physique est débile et tend à se débiliter progressivement si son état mental persiste dans son acuité. Cet homme atteint d’agitation maniaque a besoin d’être soigné dans un établissement spécial.
Bourg, le 3 décembre 1881. »
Deuxième certificat du médecin de l’établissement :
« Je soussigné, ?, certifie que le nommé Mangematin Claude, du Creusot, Saône-et-Loire, entré le 2 décembre 1881 est constamment agité, inconscient de ses actes et de ses paroles et a besoin d’être protégé contre lui-même, son état physique est très débile et sa débilité de plus en plus par suite de cette agitation si vive et qui indique une affection grave des centres nerveux. En conséquence j’estime qu’il doit être maintenu dans l’établissement.
Bourg le 16 décembre 1881. »
A cela s’ajoute un bulletin d’observations mensuelles qui indique :
– Décembre 1881 : « manie aigue, délire généralisé : agitation toujours très vive, cris continuels, insomnie perpétuelle, amaigrissement général, grabataire. »
– Le 15 janvier 1882 : « décès par suite de congestion cérébrale »
Claude décède donc quelques semaines après son internement d’une congestion cérébrale, les rapports médicaux font froid dans le dos, la rapidité de sa déchéance est surprenante et les causes de sa folie restent floues. On ne sait pas quel drame familial a traversé Claude ni à quoi est dû le coup reçu sur sa tempe.
Il est indiqué qu’il a eu 9 enfants dont 5 vivants, mais je n’ai relevé que 3 décès et la filiation avec Léon citée dans le recensement reste donc mystérieuse. Je penche donc pour ce qui est annoté dans le premier rapport médical, Claude a eu 9 enfants et Léon doit être un membre éloigné de la famille.

Tous ces documents issus de la série H (archives hospitalières) m’ont été envoyés par les archives de l’Ain qui effectue des recherches ponctuelles à distance sur demande détaillée.
Le Centre Psychothérapique de l’Ain détaille l’historique de l’asile :
« C’est au 19ème siècle qu’a commencé l’histoire du Centre Psychothérapique de l’Ain. Le 20 septembre 1826 , la congrégation des Sœurs de Saint Joseph du diocèse de Belley signe avec le Préfet de l’Ain un traité créant l’Hospice Sainte Madeleine, à l’intention des femmes (à l’époque 70 malades). En octobre 1833 : les religieuses de Saint Joseph prennent également la direction du Dépôt de Mendicité Saint Lazare, administré jusqu’alors par les Frères de St Jean de Dieu : l’asile d’aliénés pour hommes était ainsi créé. En 1840 : un traité est passé avec le Département de Saône-et-Loire afin que des patients femmes et hommes de ce département puissent être accueillis à Bourg-en-Bresse. Ce partenariat a pris fin le 1er décembre 2005, date du transfert de la gestion du secteur à Mâcon. En 1855 : acquisition de la propriété du Cuègre par la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph. Après rénovation, ce site devient l’Hôpital Saint-Georges et accueille les malades de Saint-Lazare. Le 2 Décembre 1971 : le Centre Psychothérapique de l’Ain (C.P.A.) est constitué par la fusion des hôpitaux psychiatriques Saint-Georges et Sainte-Madeleine. »
Bien triste histoire. A cette époque, j’ai bien peur que la psychiatrie se bornait a interner les gens sauvagement sans chercher plus, éloigner a tout prix le « malade » …pas de vagues !
Aurait-il perdu sa femme, ou un de ses enfants qu’il chérissait particulièrement ???
Je pense que ça vaudrai la peine de se pencher plus sur le cas de ce pauvre claude.
bonne chance
belle journée !
selma cayol
Oui tout à fait d’accord, pas vraiment de soins à l’époque, les malades étaient mis à l’écart jusqu’à la fin…
Ils ont perdu des enfants dont l’un de ses fils qui est décédé à 16 ans mais ça date de 10 ans avant sa mort. Sa femme était encore en vie quand il a été interné. Donc je ne sais pas… mon ancêtre Antoinette (la dernière de la fratrie) était trop jeune pour se marier ou avoir des enfants… je ne sais pas ce qui a pu le perturber à ce point.. une infidélité ?
Quelques mystères planent autour de sa vie, j’essaierai d’approfondir!
Bonne journée aussi 🙂
Triste destin pour cet homme…
Perdre un enfant à 16 ans, rend dingue mères et pères de tous temps. Il est des êtres plus fragiles que d’autres.
Cet homme était profondément humain, touchée au coeur. Beaucoup perdent des enfants sans que celà les touchent, ils continuent d’avoir des enfants.
Vous avez eu de la chance de retrouver ces documents.
Une personne de mon arbre est décédée dans cet hospice à l’âge de 40 ans, mais, c’était en 1836, je doute qu’ils aient les archives de cet homme. J’ai tenté une demande, je verrai bien :).
J’espère que vous aurez une réponse positive ! Ça a été relativement rapide pour moi. Je le crois aussi, c’était un homme affaibli par les épreuves qu’il a traversées. J’ai été très chamboulée en découvrant ces documents pour la première fois !
Bonjour,
Je suis tombée sur ce site par hasard en faisant des recherches sur l’histoire de l’Asile St Georges à Cruègres et celui de Ste Madeleine bd Paul Bert. J’ai moi aussi eu un gd-oncle et 2 gdes-tantes internés là-bas à partir des débuts années 20. Mon gd-oncle est dcd en 1943, une gde-tante en 1945 et la dernière en 1968. J’ai demandé leurs dossiers au centre psy actuel par courrier samedi dernier. Quand vous parlez des archives, ce sont ceux du département de l’Ain? J’aurai peut-être dû écrire là-bas alors?
D’entreprendre des recherches généalogiques m’ont permis d’apprendre que arrière-gd-père, mon gd-père et 3 membres de sa fratrie avaient des troubles psys. En ce qui concerne mon gd-père, il n’était pas interné à Bourg mais ds la Nièvre contrairement à son frère et à sa soeur. Quant à mon arrière-gd-père, après que sa femme l’ait quitté en 1911 emmenant ses enfants avec elle, il est allé vivre chez son père et au dc de ce dernier, je perds sa trace jusqu’en 1940 où il a été retrouvé mort dans une petite rivière (qui a été bouchée depuis laissant place à une rocade) dans le quartier Baille, là où il y a une « cité médicale » dont à l’époque comme à Bourg une congrégation de religieuses qui accueillait des aliénés. Tour ceci sur fond de secret de famille.
Mon histoire familiale est aussi compliquée que la vôtre a priori.
Murielle
Bonjour, je vous envoie un mail.
Bonjour, je suis moi aussi tombée sur ce site en effectuant une recherche sur mon arrière-arrière grand père qui est décédé à l’asile St Georges en 1911, de meme que son frère quelques années plus tard.
J’essaye de trouver à qui je dois adresser ma demande pour obtenir une copie du dossier et essayer de savoir de quoi ils sont morts tous les deux. Étant québécoise, il m’est plus difficile de faire des recherches en France. Sauriez vous m’indiquer à qui je dois adresser ma demande ? Je vous en serais reconnaissante.
Merci.
Bonjour,
Il faut adresser votre demande par mail aux archives du département de l’Ain en expliquant que vous ne pouvez pas du tout vous déplacer : http://www.archives.ain.fr/n/contact-horaires-plan-d-acces/n:291#p742
C’est ce que j’avais fait à l’époque.
A bientôt
Bonjour Madame ,
En fessant des recherches sur les archives des Asiles d’Aliénés je suis tombé sur votre article , qui ma rendu très triste concernant votre ancêtre qui j’espère repose en paix , cela me fait penser à une Arrière Grand-Mère de ma grand mère qui décéda le 30 Octobre 1943 à l’Asile d’Aliénés de la Grimaudière en Vendée .
Je ne peux pas me déplacé aux archives , pensez vous que toutes les archives font des recherches ? Ou cela ne concerne que l’Ain ?
Lors de ma demande que dois-je détaillé ?
Merci de votre réponse toutes mes amitiés.
Antoine