Quillan, dans l’Aude, est le lieu de naissance de Louis GRASSAUD (22 mars 1857), époux d’une arrière-arrière-grand-tante de mon compagnon, Maria Juan Santa MULA, née à Ghazaouet en Algérie le 13 octobre 1868.
Ils se marient à Ghazaouet le 7 juin 1887, Louis a 30 ans et Maria seulement 18, elle est mineure. Louis GRASSAUD exerçait la profession de Receveur Collecteur (percepteur), il fut également conseiller municipal de Ghazaouet. Son père, Antoine, est décédé à Quillan le 17 novembre 1882. Sa mère, Henriette MONTAGNE est internée à l’asile d’aliénés de Limoux dans l’Aude, un certificat du 17 avril 1885, émis par le Dr ROUGE, médecin en chef de l’asile, établit qu’elle est hors d’état de manifester sa volonté. Maria, sa jeune épouse, est la fille de Manuel MULA, boucher et Maria Josefa Juana GONZALEZ.
Les témoins à leur mariage sont :
– Jules BOUGNOL, 32 ans, notaire.
– François LLABADOR, 42 ans, vice-consul d’Espagne.
– Vincent IVARA, 28 ans, commissaire de police.
– Jean BETEILLE, 37 ans, préposé des douanes.
Louis GRASSAUD est né à Quillan, rue de la Paix, le 22 mars 1857. Sa mère est sans profession et son père Antoine est radelier, une profession que je découvre via le site www.vieux-métiers.org : « Personne dirigeant les convois de troncs d’arbres flottant sur les rivières pour les conduire aux papeteries ou aux scieries. ».
En effet, Quillan est traversée par l’Aude et ses petits affluents. La rue de la Paix donne d’ailleurs sur l’Aude.
Le site officiel de la ville nous raconte le développement de cette industrie et ce métier de radelier. Au XVIIe siècle l’administration royale entreprend une réforme forestière et c’est dans ce cadre qu’une « Maîtrise particulière des Eaux et Forêts » est implantée à Quillan.
Des milliers de troncs d’arbres assemblés en radeaux, carras, descendent de la haute vallée pour rejoindre Trèbes et le canal du Midi. Ce travail est effectué par les radeliers, aussi appelés carrassiers en patois. Les premières tentatives de flottage du bois sont faites au début du XVIe siècle. La Durance, l’Ariège, la Garonne, la Dordogne, l’Isère comptent aussi parmi les cours d’eau concernés par cette industrie. Les troncs étaient rassemblés sur le port de Quillan et étaient contrôlés par les officiers de la Maîtrise particulière des Eaux et Forêts. Ils provenaient des forêts domaniales et particulières des alentours et étaient amenés par des attelages de chevaux. Les métiers de cette industrie comportaient de gros risques : sur la terre à cause des routes étroites, mal entretenues et abimées par les intempéries ; sur la rivière à cause des rapides, des tourbillons, de la végétation, du caractère tortueux de l’Aude et du débit bien plus important qu’aujourd’hui. Le port était un véritable lieu de rencontre avec à proximité les auberges et débits de boissons. Dès qu’il y avait assez de troncs, on procédait au marquage et les équipes de radeliers pouvaient procéder au flottage. Exercer le métier de radelier nécessitait d’être fort et courageux, ces hommes devaient maîtriser parfaitement la navigation en rivière. C’était un métier de tradition familiale souvent, qui s’apprenait très jeune, les hommes formaient une sorte de corporation. A l’ouverture de la saison de flottage, les propriétaires de Moulins devaient protéger la bouche d’alimentation des roues pour éviter que les troncs ne s’y coincent. Les radeaux pouvaient être constitués d’une douzaine de troncs pesant parfois jusqu’à 100 kg chacun. La structure du radeau variait ensuite en fonction de la technique des radeliers.
Ce métier a fini par s’éteindre, laissant la place au chemin de fer à partir de la fin du XIXe sicèle.
Quant à Louis, quel périple pour ce simple fils de radelier qui devait regarder son père descendre l’Aude à bord d’un carras et qui décida un jour de quitter les avant-monts pyrénéens pour l’Algérie dans les années 1870, se maria à une fille d’immigrés espagnols et devint percepteur, puis conseiller municipal de Ghazaouet. Louis n’a sans doute jamais revu sa terre natale.
Très intéressant