C’est par hasard que je me suis reconnectée sur le site de 23andme et que j’ai vu que les résultats de nos analyses ADN venaient tout juste d’être publiés ! Nous avons d’abord ouvert ceux de mon compagnon, puis ceux de mon frère. Nous avons été étonnés des résultats, des deux côtés !
Il y a un vrai travail d’analyse qui commence, je vais donc faire simple pour le moment et présenter les résultats globaux : les origines et les haplogroupes.
Pour vous resituer ma généalogie brièvement : Mes grands-parents maternels étaient cauchois (Seine-Maritime), sur au moins 3 siècles et demi, voire plus pour certaines branches quand les archives sont disponibles. Je ne compte qu’une branche naturelle à la 5e génération et une autre à la 4e, mais avec une reconnaissance tardive (le fils et le père portent le même prénom). Mon grand-père paternel était Corrézien mais il m’a transmis un patronyme normand ! Je ne peux relier mon nom à la Normandie, les registres ne me le permettent pas. Ma grand-mère paternelle a ses origines en Saône-et-Loire et dans le Rhône.
Bien français tout ce monde-là à première vue !
Allons droit au but, 23andme met à disposition plusieurs outils interactifs. D’abord la roue qui répartit les régions d’origine et attribue les pourcentages. Voici la vue en ce qui concerne mon frère et moi :
Belle surprise de voir que 32.7% de mes origines sont irlandaises/britanniques ! Je ne suis pas tellement étonnée du 1% scandinave, étant à moitié normande, je m’attendais à avoir quelques pourcents de cette région. Je suis par contre surprise de voir que j’ai seulement 13.7% français/allemand. Il reste également 33.2% d’origines du « nord-ouest de l’Europe » à répartir, région qui englobe les pays précédemment cités, mais pour lesquelles la certitude d’appartenir à tel ou tel pays est inférieure à 70%.
A présent, passons au sud de l’Europe. Me voici encore plus surprise, puisqu’on me trouve 5.6% attribués à la péninsule ibérique, 0.6% pour l’Italie et … 0.4% pour les Balkans ! Avec également 8.7% à répartir dans le sud de l’Europe…
Pour le coup, c’est la surprise, à première vue je ne vois aucun nom de famille de ma généalogie ayant hérité de ces origines. Le père de mon grand-père paternel était très typé du sud, ceci explique peut-être cela…
Enfin il reste 4% européen et des pouillèmes attribués à « l’Asie de l’est dans l’ensemble » et « l’Asie de l’est et les premières nations dans l’ensemble ». Bon là, je ne vois pas…
Voici maintenant la vue chromosomique, qui apporte la répartition des origines sur les autosomes, sans distinction des lignées maternelle et paternelle, et le chromosome X. En voyant cela, je me dis que ça vaudrait le coup que mon père fasse un test ADN. J’aurai ainsi l’attribution de ces origines côté maternel et paternel, notamment celles du sud de l’Europe qui m’interpellent. En envoyant un 2e échantillon, j’aurai peut-être également des résultats plus affinés, c’est ce qu’explique 23andme.
Passons maintenant à mes haplogroupes.
Mon haplogroupe maternel est K1a, un sous-groupe de K (Katrine de Sykes). 23andme donne comme exemples de populations concernées : les Juifs Ashkénazes, les Druzes et les Kurdes.
Jean Chaline (1) explique l’origine de ces groupes : « Katrine vivait il y a environ 15,000 ans dans la grande plaine du Nord de l’Italie, en Vénétie. Dans cette région, les industries locales étaient encore rattachées à l’Epigravettien (-20,000 à -11,000 B.P.) […] Les descendants de Katrine soit 6% des européens actuels ont essaimé sur les bords de la Méditerranée et dans toute l’Europe. On peut se demander si la mutation OCA2 à l’origine des yeux bleus n’est pas originaire de cette région. Cet haplotype est celui qui a subi la plus grande diversification en sous-groupes, bien qu’il soit apparu assez récemment, ce qui implique un fort taux de mutations. Il est réparti dans toute l’Europe jusqu’à l’Asie occidentale et aux Indes. La fréquence de ce mitotype est la plus élevée dans le Nord-Ouest de l’Europe ainsi que dans l’Europe centrale et l’Anatolie, jusqu’au sud de la péninsule arabique. […] Le mitotype K1a est la branche qui a connu la plus grand expansion. Le fait qu’elle soit relativement bien représentée au Proche-Orient suggère qu’elle est apparue avant l’expansion du Néolithique vers l’Europe. »
Mon haplogroupe paternel est R1b1b2a1a2d, c’est un sous-groupe de R1b1 qui concerne notamment les basques, les irlandais, les britanniques, les italiens du nord et les français. Je trouve assez peu de choses pour le moment sur le sujet. C’est un groupe européen, ce qui colle tout à fait avec les résultats ADN et ma généalogie.
On a tous quelque chose en nous de Néanderthalien, pour moi c’est à hauteur de 2.7% 😉
Quant à mon conjoint, son ADN est aussi très intéressant et il correspond plutôt bien à sa généalogie. Son grand-père paternel est originaire du Maine-et-Loire. Sa grand-mère paternelle est pour moitié d’origine Normande (Calvados) et Néerlandaise (et une branche allemande vers la fin du 18e). Son grand-père maternel a des origines dans la Haute-Marne, l’Aube et l’Aisne. Sa grand-mère maternelle est pied-noir, avec trois-quarts de ses origines en Espagne (Alicante) et un quart en France (Meurthe-et-Moselle).
Voici la répartition de ses origines :
Nous sommes étonnés de cette proportion Irish/british (19.1%), cependant elle se confirme par son haplogroupe Y : R1b1b2a1a2f, qui est très présent chez les Nord-Irlandais, les Ecossais et les Anglais. De plus, j’ai eu l’occasion de parler dans un article de son ancêtre français qui a épousé une anglaise au Québec, née aux Etats-Unis. Il a donc une branche anglaise qui apparait dans sa généalogie à la fin du 17e siècle.
Du côté maternel il a le même haplogroupe que moi : K1a.
Ses origines Espagnoles (16.2%) et d’Afrique du Nord (0.2%) sont du côté maternel. Quant aux origines Juives Ashkénazes (7.8%) elles viennent très certainement des Pays-Bas. Lui aussi a un pouillème asiatique (0.1% Yakut), si quelqu’un a une théorie là-dessus !
Voici la répartition des origines au niveau de ses chromosomes :
Quant à son côté Néanderthalien, il est de 2.8%.
Voici donc un premier aperçu de ces analyses ADN, très surprenantes, passionnantes et vraiment complémentaires d’un travail généalogique. Il me reste beaucoup de choses à exploiter notamment les données brutes, les cousinages et pourquoi pas un autre test ADN pour compléter…
N’hésitez pas à contribuer à cet article en commentaires, si vous avez des sites à me suggérer ou des pistes à explorer !
Bref, vous êtes européenne, ce que la généalogie et l’histoire vous auraient appris gratuitement 🙂 Quant au petit pourcentage de « Native American », une de vos lointaines aïeules aurait-elle fauté avec un Cheyenne ou un Sioux ?
Comme c’est intéressant et bien raconté. Pour ma part il me semble connaitre une partie de mes origines, mais je vois que l’on peut avoir des surprises qui élargissent nos horizons. Ton expérience pourrait me convaincre que cela vaut la peine de pousser les recherches. En fait ce qui est intéressant et qui nous fait rêver, ce sont nos ancêtres voyageurs. Et pour le coup on peut considérer l’actualité des migrations avec bienveillance…
Merci beaucoup!! Oui du coup ça apporte quelque chose pour ma part, dans le sens où j’aimerais comprendre d’où viennent ces origines hors de France, même si elles sont lointaines, peut-être suis-je passée à côté de quelque chose, je pensais à l’étude des noms de famille par exemple. Et c’est vrai que cela fait rêver, ces voyageurs à l’origine de notre histoire. J’en avais conscience déjà bien avant avec ma généalogie, mais là ça prend une dimension plus grande avec les distances parcourues…
Ce n’est pas si étonnant que ça de se trouver une génétique plus diversifiée et pas cohérente avec notre généalogie. La généalogie, à la truelle, c’est surtout des données qui ont moins de 500 ans alors que notre ADN, lui, on se le transmet entre eurasiens depuis la sortie de l’Afrique il y a 70 000 ans (j’exagère, il doit y avoir de nos jours, peu de descendants de ces premiers explorateurs, on va dire 30 000 ans mais ça ne change pas mon propos). Hors nos séquences ADN, même si elles évoluent continuellement, sont plus stables qu’on ne le pense. Ca entraine une certaine rémanence au delà des millénaires et il est illusoire de trouver une cohérence entre la généalogie jeune de 500 ans et les innombrables déplacements de populations eurasiennes depuis le Croissant fertile il y a 10 000 ans. Vos gènes asiatiques ne sont probablement pas dus à des ancêtres asiatiques mais que les asiatiques actuels et vous avez un lointain ancêtre commun. Ce que je dis n’est pas correct, on a forcément des ancêtres communs avec les asiatiques, disons que vous partagez une trace tenace d’un de ces ancêtres. Comme piste, ce ne doit pas être si compliqué à imaginer : les premiers américains sont passés par le détroit de Bering, en plusieurs vagues, on va retenir celle d’il y a environ ~15000 ans. Ils venaient donc d’Asie orientale peuplée par vagues depuis l’Afrique depuis 50 000 ans. Pour trouver une lignée commune entre ces asiatiques, ces américains et vous, il « suffit » de tracer votre histoire commune, parmi les plus récents, ça peut être les invasions des Mongols de l’Europe au XIIIème siècle, celles des Huns au IVème siècle, les migrations des caucasiens, éleveurs de chevaux il y a 5000 ans, des agriculteurs du Croissant fertile il y a 7000 ans, etc. Plus on remonte dans le temps et plus ces populations devaient avoir une large portion en commun avec les asiatiques/américains de leur époque mais de notre côté à nous, européens du XXIème siècle, cet héritage devient de plus ténu (en terme de proportion) et diffus (en terme de précision « identitaire »).
Je me permets de vous transmettre ce billet qui vient de paraitre sur la génétique des européens. C’est tout chaud 🙂
http://www.cnrs.fr/inee/communication/breves/b198.html
Merci Thomas, c’est très intéressant !! 🙂
[…] L’article de Marion sur les résultats de son test ADN à visée généalogique (qui donne vraiment envie de sauter le pas !) […]
[…] d’étudier votre ADN vous vient, je vous conseille de suivre les aventures de Brigitte et Marion, deux généalogistes passionnées et passionnantes, qui vous permettront de voir […]
Bonjour, j’ai fait un test ADN grâce à Myheritage mais je le trouve moins précis que le vôtre. Mes résultats sont aussi quelque peu surprenants mais je suis surtout très curieux de connaître mon pourcentage de Neanderthal…
Comment avez-vous évalué vos 2,8% de neanderthalien ???