Je parcourais les registres de Roumare, en Seine-Maritime, quand j’ai rencontré un prénom féminin que je n’avais jamais entendu : Austreberthe. J’étais encore plus étonnée de voir qu’il était même récurrent dans ce registre de 1763. J’ai découvert qu’à côté de Roumare passe la rivière Austreberthe, affluent de la Seine. Elle trouve sa source dans le village de Sainte-Austreberthe situé 12 kilomètres au nord.
Qui était donc Austreberthe ?
Austreberthe de Pavilly, dite Sainte Austreberthe, est née en 630 à Thérouanne dans le Pas-de-Calais et décédée le 10 février 704 à l’abbaye de Pavilly. Elle fut religieuse au monastère du Port dans le Ponthieu, puis abbesse à Pavilly jusqu’à sa mort.
Elle naît sous le règne de Dagobert Ier et entra très jeune au monastère. Peu connue en dehors du nord de la Normandie, Sainte Austreberthe aurait accompli des miracles de son vivant. On dit que l’eau de la source apparue dans une chapelle pour donner naissance à la rivière qui porta son nom aurait des vertus curatives sur les « impotents et les perclus ». Le lieu est dans le village de Sainte-Austreberthe.
Le miracle du loup
Sainte Austreberthe et ses religieuses lavaient le linge de l’abbaye de Jumièges dans leur abbaye de Pavilly. Elle avaient dressé un âne pour transporter seul le linge entre les deux lieux. Mais un jour l’âne se fit dévorer par un loup. Sainte Austreberthe apparut, réprimanda le loup et l’obligea à effectuer le travail de l’âne jusqu’à sa mort. Sur le lieu de la mort de l’âne fut érigée une chapelle, au VIIe siècle. Elle sera remplacée par un chêne, dans lequel furent placées plusieurs statues de la Vierge, appelé chêne-à-l’âne.
La fête du Loup-Vert
Tous les ans, à Jumièges, le 23 juin, veille de la Saint-Jean-Baptiste, se tenait la fête du Loup Vert, en hommage au « miracle du loup ». La Confrérie du Loup-Vert allait chercher son nouveau maître dans le hameau de Conihout. L’habitant prenait le titre de Loup-Vert ; il revêtait une large houppelande verte, et se couvrait la tête d’un bonnet vert de forme conique, très élevé et sans bords. Ainsi costumé, il se mettait en marche jusqu’au lieu-dit le Chouquet, accompagné par la foule. Après l’office, on allait au domicile du Loup-Vert où était servi un repas. Puis on dansait devant la porte en attendant l’heure où devait s’allumer le feu de la Saint-Jean. La nuit venue, un jeune homme et une jeune fille parés de fleurs, mettaient le feu au bûcher au son des clochettes. Dès que la flamme s’élevait on chantait le Te Deum ; puis un villageois entonnait en patois normand un cantique. Cette célébration durait jusque tard dans la nuit, où l’on mangeait et dansait selon des rituels solennels bien encadrés par la confrérie. Puis tout le monde rentrait chez soi dormir en attendant le lendemain pour fêter la Saint-Jean. La confrérie fêta le Loup-Vert jusqu’en 1921.
Quant au prénom médiéval Austreberthe, il est fêté le 10 février. On continue de le rencontrer dans les registres de Seine-Maritime au 18e siècle. Comme Estherbert ou encore Asterberth, Austreberthe signifie « étoile brillante ».
Merci pour cet article instructif: un prénom insolite et on découvre une belle histoire.
Merci Monique 🙂